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dimanche 20 avril 2008

La France s'ennuie






Un Premier Ministre qui devrai savoir qu'il n'y a qu'une seule manière c'est Rocky qui l'a dit de faire sa sortie : les pieds devants [aucune exception : même - un littéral précédent].

Un ministre de la Race à la Carte [qu'on ne sait quelle force prévient de faire la génuflexion au nom de Maurice Barrès] qui n'a rien à envier au Fou-du-Puy - le coup de pied de l'âne à Césaire, rien de moins.

Un ministre d'Etat déjeté.

Un agrégé de lettres classiques dont la kryptonite s'incarne idéalement dans un programme de réussite éducative.

Une avocate d'affaires qui, le 10 juillet dernier, stigmatisait la pensée.

Un secrétaire d’Etat - au commerce, à l'artisanat, aux petites et même aux moyennes entreprises et encore à tout plein de tâches dont il s'aquitte avec une célérité carnassière parce qu'il dispose d'une armée de clones pour l'assister - dont la biographie officielle omet son passage à Occident, Ordre Nouveau et le Parti des Forces Nouvelles, écoles de cadres formatrices de tant de grands hommes.

Une ministre de la Culture probablement convulsée de stupeurs & tremblements en entendant le Haka néo-zélandais.

Le prix Mouammar Kadhafi des droits de l'Homme La réponse est oui : ça existe véritablement vraiment et sa parfaite égérie.

Une secrétaire d'Etat à l'Ecologie dont les bises se payent chères auprès de certains portefaix tarés de son parti.

Un ministre de la fonction publique qui aime les fonctionnaires, qu'on m'pend si j'mens.

Un ministre des affaires européennes dont - non, en fait, rien.

Une secrétaire d'Etat à la solidarité qui se prend pour Jane Storm, épouse Richards.

Un ministre de la Défense dont il faudrait être désaxé pour miser qu'il parvienne jamais à l'assumer.

Un Ministre de l'Agriculture - tout à la fois zélote de la terre, diacre de ostréiculture, touche-colibri multi-récidiviste & porte-parole du mérou - tellement à sa place qu'il trouve à être présent à chaque fois que golgoth 2007 se fait insulter.

Un Haut-Commissariat car ça ne mégotte plus, l'Abbé avec une tête une vraie que l'on a armé de sa seule volonté.

Une secrétaire d'Etat jetée hors du train à laquelle Montaigne refuserait de donner l'heure.

La France a peur - à défaut, elle le devrait - le corset serré depuis Beauvau jusqu'à Vendôme où l'on entrave que dalle à Kafka.

Une ambassade venu en première classe du Tartare : claro que si, faut le voir pour le croire.

Epaulé jeté un sac de riz dans ta face et, pour cette édifiante reprise de Jacques Dutronc, c'est pas cher payé.

Un Ministre de la Santé qui - enfin, Cambronne, quoi.

Un secrétaire d'Etat contraint au grand roque, saoulé de coups par la France à fric, cependant qu'un chevau-léger - qui n'a rien d'un bronco mais tout d'un cheval de traie - va à Canossa pour Odimba.

La ville - que l'on entend sauver avec un plan, des micros, un pupitre et des moulinets de bras.

Un secrétaire d'Etat aux transports dont le nom n'est personne et la vista nada.

Un rugbyman - à balancer à Jean-Marc Mormeck.

Un porte-parole à ne consommer sous aucun prétexte.

Un secrétaire d'Etat à l'Outre-mer auquel bisotter le nan, ce serait pas bien.

De la rondeur, de l'onctuosité, du népotisme & du paternalisme à souhait - le personnage qu'il fallait pour intercéder auprès de la Planète des Singes.

Une Perruche.

La "Région Capitale" dans le train de nuit pour Nulpartville - personne ne s'en plaindra.

Un charlatan qui, claro que si, a su réformer l'Etat - que j'plane si j'vanne - à la récidive.

Un assureur à deux sous.

Le retour des couteaux de cuisine, pour les copains & et les coquins - intérieur, extérieur.

Se loger au nom du Père, du Fils & du Saint Esprit.

Remixer l'employabilité - un mur, tout autour.

et p.e.n.d.a.n.t. ce temps-là :







Simplement - les déposer à l'
U.s.i.n.e.







Le chef de meute a une telle appétance pour la littérature qu'elle le prévient contre toute culture, parce qu'il n'y a rien de plus dangereux - alors l'abandonner au lézard Jésus-Christ, pour le distraire des mélopées de son barde neuillois : "my hands are r.e.a.l.l.y. shaking.
I cannot h.a.r.d.l.y. walk. We're gonna ask the landlord w.h.y. he's been such a..."





dimanche 6 avril 2008

Girls of summer







[Une histoire de la double peine]





I - B.i.b.l.i.o.t.h.è.q.u.e.
II - Se désaltérer.
III - Une f.o.n.t.a.i.n.e.
IV - [Sans le savoir] Prendre l'A.s.c.e.n.s.e.u.r.
V - L'e.x.a.c.t.e. définition.

VI - [Contre toute attente]
VII - "Nothing compares to you".
VIII - Chambre d'écho [o.u.v.e.r.t.e.].
IX - R.é.a.c.t.i.o.n.e.n.c.h.a.î.n.e.
X - Le souffle qui vient mal.
XI - Nolens volens - le silence qui c.o.u.r.t. les veines.

















samedi 29 mars 2008

"Dans la colonie pénitentiaire"



« Rien de tel qu’un noeud coulant pour faire respecter la loi. » Tel était le credo des milices de Californie lorsqu’elles partirent en guerre contre le crime au temps de la Ruée vers l’or. Au nom de la loi, ils décidèrent de ne pas faire de détails. Ils pendirent les assassins et voleurs de chevaux pour faire de San Francisco une cité prospère. C’étaient eux, les honnêtes gens de l’époque, de vrais gentlemen engagés dans une noble mission. Mais comme tous les autres gentlemen devenus réformateurs, et ce depuis la nuit des temps, ils s’enivrèrent de sang et de pouvoir. Tant qu’ils passaient la corde au cou des voleurs de chevaux, la populace détournait les yeux, mais quand ils succombèrent à l’inévitable tentation de pendre leurs concurrents et leurs adversaires politiques, cette même populace les traita sans ménagement. C’était l’époque des charrettes à boeufs et des chariots couverts. Notre époque est celle des automobiles et des avions. Beaucoup de choses ont changé mais, quatre-vingts ans plus tard, les méthodes avec lesquelles « les honnêtes gens » s’occupent de « ceux qui ne le sont pas » n’ont guère évolué. Et l’on traite la présente vague de criminalité avec le même état d’esprit que les miliciens de 1849. « Rien de tel qu’une matraque pour faire respecter la loi. » Ces mots pourraient être ceux des miliciens mais ils ont été prononcés par l’actuel chef de la police de New York alors qu’il lançait la vaste campagne de nettoyage de la ville qui devait marquer le début de son règne. Les seuls résultats visibles de cette politique sont les nombreux passages à tabac et fusillades systématiques de la part de la police qui entraînent une augmentation des meurtres et des crimes violents. Nous vivons une époque violente. Nous sommes tous d’accord là-dessus. La question est de savoir à qui l’on doit cette violence. Sont-ce les criminels qui poussent les honnêtes gens à la violence ou le contraire ? Les torts sont-ils partagés ? Avec la distance que j’ai aujourd’hui, il me semble que la société lutte contre les gangsters avec des méthodes de gangsters, contre les brutes avec des méthode de brutes et contre les assassins avec des méthodes d’assassins, sans jamais se poser la question de savoir si cela ne mène pas à une escalade de la violence. À travers toute l’Amérique, les honnêtes gens écrivent et discourent sur les criminels. Les comités de lutte contre le crime et des individus appartenant à tous les échelons de la société, du juge de la Cour suprême aux réformateurs des plus petits patelins, enquêtent sur les criminels et font des recommandations, passent des résolutions et écrivent des textes de loi pour statuer sur le sort des criminels. Les législateurs légifèrent et la police joue du pistolet et de la matraque. Ils sont tous d’accord, dans les mots et dans les actes, pour répondre à la violence par la violence. Existe-t-il un précédent dans l’Histoire indiquant que cette méthode peut fonctionner ? Je n’en connais pas. Je ne prétends pas être une autorité en matière de crime. Mon témoignage est celui d’un spectateur, un spectateur coupable, certes, car j’ai survécu à quatre séjours en pénitencier et à de nombreux passages dans des prisons de comté, mais mon expérience personnelle importe peu. Mon histoire peut juste servir de pièce à conviction dans cette démonstration. Si les lois que les honnêtes gens passent aujourd’hui avaient été en vigueur il y a quinze ans, je n’aurais jamais eu l’opportunité d’arrêter de voler et d’apprendre à travailler. J’aurais très certainement fini au bout d’une corde, sur la chaise électrique ou avec une balle dans la peau tirée par un policier. Et si j’avais réchappé à tout cela, je purgerais une condamnation à perpétuité dans une prison comme Dannemora ou Charleston, à cracher mes poumons contre un mur blanchi à la chaux et à enseigner aux jeunes, à l’instar des autres condamnés à perpétuité : « N’hésite pas à tirer le premier. » J’ai bien connu, au cours de ma vie de voleur et de mes séjours en prison, pas moins de cinq mille criminels. Cela peut sembler beaucoup, mais en détention on a tout le temps de se faire des amis. Ces cinq mille personnes forment un bon échantillon de ce monde souterrain qui alimente la criminalité. Elles allaient du voleur à la petite semaine capable de chaparder un paillasson avec «Bienvenue» écrit dessus à ce patricien des prisons qu’est le braqueur de banques. Je me suis autant intéressé au chapardeur de paillasson qu’au braqueur de banques. Ce n’est pas tant ce qu’ils faisaient qui m’intéressait que les raisons qui les poussaient à agir. Certains d’entre eux étaient des malades mentaux, relevaient du cas clinique et avaient l’esprit tordu; dans l’argot de la prison, on disait qu’« il leur manquait une case ». Certains étaient en prison parce qu’ils manquaient d’argent, d’autres parce qu’ils en avaient trop. Certains par ignorance, d’autres parce qu’ils avaient fait trop d’études. L’alcool, la drogue, la jalousie et l’avarice en conduisaient aussi bon nombre derrière les barreaux. D’autres, enfin, étaient là par perversité, par pur esprit de contradiction. Si la plupart étaient coupables de ce dont on les accusait ou de crimes équivalents, il y avait ici et là quelques innocents. À l’exception de ceux qui avaient commis des crimes passionnels, aucun n’avait embrassé une carrière criminelle du jour au lendemain. Pour la plupart d’entre eux, une chose en avait amené une autre et ils en étaient arrivés là lentement, progressivement. L’un était en prison parce que, gamin, il s’était rebellé contre le flic du quartier. Un autre parce qu’il avait perdu son boulot en faisant grève. Un autre encore parce que sa femme était tombée malade et que ses enfants avaient faim. Admettons qu’ils aient commis le premier crime : ils ont fait du tort à la société, et la société, sans chercher à les comprendre, leur a rendu la pareille, avec les intérêts. C’est un cercle vicieux qui les conduit d’un pénitencier à l’autre. Toutes leurs histoires racontent la même chose : leur haine de la police, leur mépris de la loi, leur peur et leur méfiance vis-à-vis de la machine judiciaire.

*

Mon histoire est classique. Jusqu’à l’âge de quinze ans, j’ai cru que les policiers étaient des héros, des gens qu’il fallait admirer, en qui l’on pouvait avoir confiance. Puis, un soir, sur un malentendu, l’un d’entre eux m’arrêta, m’embarqua et me jeta derrière les barreaux. Le traitement que lui et ses collègues m’infligèrent fit voler en éclats toutes mes illusions. Les vingt-cinq ans qui suivirent ne firent que confirmer les impressions que cette première expérience m’avait procurées et il m’a fallu presque toute une vie pour comprendre que le flic est lui aussi une victime de la machine qui fabrique les criminels. Ma première leçon de violence, je l’ai prise durant cette première nuit en prison. Par la suite, je châtiai, et je fus châtié en retour. Je chassais parce que j’étais chassé. Je n’avais d’égards pour personne et n’en attendais de personne. Le jeu de la violence, j’en ai appris toutes les règles dans les commissariats, les tribunaux et les prisons. Au bout du compte, j’ai fini par croire que je ne pourrais survivre que si je n’hésitais pas à faire usage de la violence le premier. Je connais des centaines de criminels repentis mais je n’en connais aucun qui ait été réformé par la matraque d’un policier, une condamnation sévère ou des mauvais traitements en prison. Ce ne sont certainement pas les coups de fouet que j’ai reçus dans une prison canadienne ni les trois jours passés dans la camisole de force, un an plus tard, sur le sol d’un cachot en Californie, qui m’ont incité à changer de vie. La camisole de force était au directeur de prison ce que le noeud coulant était au milicien, et ce que la matraque était au chef de la police de New York : un expédient. Le règne de la camisole ne dura pas et sa fin fut violente. Pour autant que je sache, tous les hommes qui subirent ce châtiment cruel furent soit anéantis pas les mutilations physiques soit transformés en maniaques sanguinaires par les souffrances mentales qu’ils avaient endurées. Soit ils quittaient la prison dans le même état que le petit tailleur juif dont les mains étaient si ratatinées qu’il était incapable de faire quoi que ce soit d’honnête hormis attraper les pièces qu’on lui lançait au coin de la rue, soit ils sortaient dans le même état que moi, pleins de venin et assoiffés de vengeance. Il est vain de vouloir maintenir l’ordre en terrorisant les criminels. Ce système a eu pour conséquence l’une des évasions les plus meurtrières de l’Histoire des États-Unis. Parmi les douze hommes qui ont réussi à s’échapper, six sont toujours en cavale, ils ont été condamnés à la pendaison et n’ont plus rien à perdre. Les meurtres qu’ils ont commis pour échapper à leurs bourreaux sont à peine croyables. À ma sortie de prison, affaibli par la camisole, je me suis juré de devenir une créature de la nuit. Je fis le voeu de ne jamais plus laisser les rayons du soleil m’effleurer, de ne jamais plus me faire d’amis, de ne jamais plus rendre service à quiconque. Le personnel pénitentiaire était bien à l’abri dans sa prison, alors j’ai décidé que c’était la société qui paierait. Moins de trois mois plus tard, j’étais de retour derrière les barreaux, condamné pour avoir tiré sur un citoyen qui refusait de se faire braquer. S’il n’avait pas eu un bon médecin et une santé de fer, je n’aurais pas vécu assez longtemps pour découvrir que le stylo est une arme plus puissante que la pince-monseigneur ou le six coups. Si la loi Baumes avait été en vigueur, je n’aurais jamais découvert cela, car cette loi enlève au juge tout pouvoir discrétionnaire. À la quatrième condamnation, un juge est dans l’obligation de condamner l’accusé à perpétuité, qu’il ait tiré sur quelqu’un ou dérobé une paire de chaussures. Ces quinze dernières années, j’ai pu m’acheter moi-même mes vêtements et ma nourriture plutôt que de compter sur l’argent des contribuables. Des gens m’ont fait confiance et la justice a été clémente à mon égard, cela m’a redonné espoir. Le juge qui m’a condamné à une peine d’un an, au lieu de me condamner à perpétuité et de me jeter aux oubliettes, a pris de gros risques. Sa bienveillance a été plus efficace que n’importe quelle potence, j’ai définitivement arrêté de voler. Cet homme m’a donné une seconde chance et je ne pouvais lui faire fauxbond, pas plus que je n’aurais pu trahir l’ami qui avait un jour scié les barreaux de ma prison. Le juge a fait appel à mon sens de la loyauté, la seule vertu ayant cours dans le monde du crime. Il a su trouver comment me coincer, m’obliger à raccrocher et me faire rentrer dans le rang. Une fois encore, je ne connais pas un seul criminel qui ait été réformé par des traitements cruels. Si j’ai pu, moi, me réformer, c’est grâce à la clémence d’un juge qui a dit, lorsqu’il m’a condamné à un an plutôt qu’à la perpétuité : « Je pense que vous avez assez de personnalité pour changer de vie, je vous donne votre chance. »

*

Les archives débordent de dossiers de criminels réputés violents qui se sont réformés parce qu’on avait fait appel à leur sens de la loyauté. C’est le petit délinquant, l’homme faible, qui n’a pas assez de personnalité pour être vraiment bon ou vraiment méchant, qui ne respecte pas les termes de sa liberté conditionnelle et déçoit ceux qui lui ont fait confiance. Il trahit ses camarades truands et il trahit la société. Mieux vaut miser sur le criminel endurci. Frank James, voleur de train et tueur, rendit les armes lorsque le gouverneur du Missouri l’amnistia. Al Jennings échangea son six coups contre un stylo après avoir été gracié par Roosevelt. Emmet Dalton, Chris Evans, Jack Brady, Kid Thompson – tous bandits de grand chemin et tueurs – respectèrent et suivirent à la lettre les termes de leur liberté conditionnelle. Les criminels endurcis sont d’autant plus violents qu’on les prive d’une seconde chance. Les lois du genre de celle de Baumes détruisent tout espoir, ce sont des lois violentes qui engendrent la violence. Dans le meilleur des cas, elles mettent le criminel dans une impasse. La seule issue de celui qui n’a plus rien à perdre tient dans cette devise : « Débarrasse-toi de celui qui pourrait te faire pendre. » Résultat : le cadavre d’un policier par-ci, celui d’une victime par-là et celui d’un mouchard un peu plus loin. Les honnêtes gens et les criminels se ressemblent beaucoup lorsqu’ils sont le dos au mur. Tous ont tendance à s’affoler et à rater ce qui aurait pu être un coup formidable. Un pickpocket qui s’apprête à mettre la main sur mille dollars peut très bien les laisser échapper par maladresse. L’enjeu est trop important. De même, face à une hausse inquiétante de la criminalité, les experts agissent dans la précipitation, sous la pression d’une foule de citoyens en colère qui voudraient voir les crimes cesser du jour au lendemain. Ils soumettent de nouvelles lois alors qu’il en existe déjà plus qu’ils ne peuvent en faire appliquer. Ils recommandent le durcissement des peines, alors que l’expérience a montré partout et toujours que ça ne marche pas. Ils prêtent l’oreille à ceux qui s’insurgent contre le fait qu’on «materne» les criminels et ils durcissent les conditions d’obtention de la liberté sur parole, du sursis et de l’amnistie – seules mesures pouvant permettre à un criminel de se réformer. Pour alléger le navire qui prend l’eau, ils passent par-dessus bord le pain et l’eau.

*

Aucun comité de lutte contre le crime ne semble pouvoir venir à bout de ce problème. Mais une chose est certaine : accumuler les nouvelles lois et durcir les peines est une aberration. Lao-tseu, un contemporain de Confucius, a écrit : « Gouverne ton royaume comme tu ferais cuire un petit poisson » pour nous recommander la modération en toute chose. « Plus les lois sont sévères, plus il y a de criminels.» Un grand empereur chinois, fondateur de la dynastie Ming en 1386, suivit les conseils de ce philosophe et abolit la peine de mort. « Presque chaque matin, on exécutait dix hommes en public, écrivit l’empereur. Le soir même, une centaine d’hommes avait commis un crime identique. Lao-tseu a dit : “Si les gens ne craignent pas la mort, à quoi bon menacer de les exécuter ?” Je cessai d’infliger la peine capitale. J’emprisonnai les coupables et imposai des amendes. Moins d’un an plus tard, je sus que j’avais pris la bonne décision.» L’Angleterre fit la même découverte. Si on arrêta d’y pendre les voleurs de moutons, les voleurs à l’étalage et les pickpockets, ce n’est pas parce que la perspective de finir au bout d’une corde était dissuasive. Mais parce que le nombre de meurtres avait augmenté de manière inquiétante. Les lois faisaient des voleurs à la petite semaine des meurtriers en puissance. La peine capitale n’eut jamais raison des pickpockets, même à l’ombre des potences. Des hommes furent même arrêtés pour avoir fait les poches des badauds venus assister à la pendaison d’un pickpocket. Il fut une époque où les Anglais pendaient les gens pour soixante crimes différents. Ils envisagent maintenant l’abolition totale de la peine de mort. L’Angleterre a prouvé que la violence n’est pas un remède efficace contre la violence. On peut raisonnablement affirmer que si, aux États-Unis, chaque électeur était obligé d’assister à une pendaison ou à une électrocution, la peine capitale serait abolie aux élections suivantes. Quiconque a fait, en prison, l’expérience de l’un de ces vendredis noirs, jours d’exécution, sait à quel point l’apparition du bourreau peut être funeste. À l’approche d’un tel jour, la prison se transforme en volcan en éruption. Les prisonniers deviennent sombres et irritables. De vieilles rancunes réapparaissent, d’anciennes haines se réveillent. En cachette, on tabasse les mouchards ; on insulte, on défie et on attaque les gardiens. On remplit les cachots de prisonniers insoumis si haineux qu’ils menacent d’exploser. C’est au cours de ces vendredis que j’ai vu des prisonniers régler leurs comptes dans de sanglants duels au couteau. Dans les carrières de pierre de Folsom, des hommes jetèrent dans le canal des outils qui valaient des milliers de dollars et brisèrent à coups de marteau les pièces de granit taillé et poli sur lesquelles ils travaillaient depuis des mois. Dans un accès de rage aveugle et désespérée, ils détruisirent tout ce qui leur tombait sous la main. À la cantine, j’ai vu des hommes affamés jeter leur repas par terre et refuser de manger « le maudit ragoût du bourreau». Le jour de l’exécution, ce meurtre légal, les prisonniers devenaient si violents que les directeurs de prison durent se résoudre à boucler tout le monde jusqu’à ce que l’exécution soit passée. Les hommes restent maintenant assis dans leur cellule à ruminer en silence ou bien font résonner les couloirs de la prison de leurs sifflets et de leurs insultes. Les honnêtes gens peuvent être sûrs d’une chose : pas un prisonnier ne pense à bien ce jour-là.

*

Qu’est-ce que je reproche, en deux mots, aux honnêtes gens ? Je soutiens que multiplier les lois et durcir les peines ne peuvent conduire qu’à davantage de crimes et de violence… Il faut privilégier la prévention à la répression… C’est uniquement en découvrant les causes du crime que l’on pourra espérer en venir à bout… Les honnêtes gens prennent le problème à l’envers. S’ils s’intéressaient plus à l’éducation des enfants, ils se désintéresseraient vite de la chaise électrique. Ils ne voient que les crimes, et jamais les raisons qui poussent les criminels à agir ; ils ne voient que ce qu’ils sont devenus, et jamais ce qui a fait d’eux ce qu’ils sont.



Jack BLACK, Yegg : 1926.








jeudi 6 mars 2008

Du Droit des affaires [une i.m.p.a.s.s.e.]





Son capital a.n.x.i.o.g.è.n.e....




I - "Les gens ont besoin d'être gouvernés par des dirigeants qui les aiment, et non pas précipités dans un jeu qu'ils n'ont aucune chance de gagner par des gens qui ne risquent pas de perdre. Nous avons besoin d'un chef d'Etat qui sait ce que c'est que d'être en cavale. Un ministre de l'Intérieur qu'on a réveillé en pleine nuit dans sa cellule et qui a fait du cachot. Un ministre de l'Agriculture qui a déjà vu des bêches brandies par des paysans en colère et a passé vingt ans à cultiver la terre. Un ministre de la Santé qui a eu la vie sauve grâce à des moyens de transport rapides et un hôpital bien équipé au personnel compétent. Un ministre des finances qui a juré de démanteler l'Etat et son gâchis bureaucratique inepte pour économiser sérieusement de l'argent. Et de forces de police qui élimineraient tous les Bowman de cette société."

Robin Cook



II - Politique-i.d.i.o.t.h.è.q.u.e. :





III - Logique i.n.v.e.r.s.a.n.t.e. :










mercredi 6 février 2008

Pop art








[Un pari perdu - à propos de Golgoth 2007 - alors : chose p.r.o.m.i.s.e...]





De gauche à droite. De haut en bas - tous les m.u.l.t.i.p.l.e.s...


Le Chapitre Six. République. Vis. Evol. 365 jours ouvrables. Rédemption. T.e.l.s. qu'en lui-même :
























mercredi 23 janvier 2008

I.A.B.F. ["Welcome to the Club"]







["...chemise ouverte, chaîne en or qui brille..." On dirait Flavor Flav...]

Le PCP. Le crack, aussi.

Votre dernière p.e.i.n.e.d.e.c.o.e.u.r.

Et pourquoi pas :

Le vidage de Charles Villeneuve,

- pas même reconnu par l'Institut pour loulous -

de Propaganda [a.h.a.h.a.h.a.]


La Molesse.

Le danger.

Ou son absence - pour les amateurs.

1755.
Lisbonne.
Le tremblement de terre
- agrémenté d'un raz-de-marée -
qui a ébranlé Voltaire.


[il y a l'amiante, le Bugaled Breizh, la tremblante de Mohamed Ali aussi]



Le réveil qui sonne le matin.



Le réveil qui ne sonne pas le matin.


Benoit XVI
[dont un commissaire-priseur a récemment évalué la valeur -
égale à un morceau de feta certi de prions].


Le temps qui ne se laisse pas brider.


Le trou de la sécurité sociale.

[n'importe comment, en son royaume,
il est exactement Maréchal,


Ces nuits éclypsées.


La haute-trahison de ces notables qui se refusent toujours à ostraciser Alain Finkielkraut & Eric Zemmour pour "défaite de [leur] pensée" - bon.


L'impossibilité de délocaliser Golgoth 2007 à Berlin.


Vos soucis, quoi.


Sigur ros [parce qu'il serait temps que leur règne v.i.e.n.n.e., que leur volonté soit f.a.i.t.e. sur la terre c.o.m.m.e. au ciel].


Jean-Luc Mélenchon
[vous feriez la guerre à la droite au sein d'une armée commandée par ce loulou ?]


L'implosion de Penthouse.


L'addiction. A ce qu'il vous plaira.


Jean-François Copé - pour toujours et à jamais.


Cet oursin dont votre voisin est convaincu qu'il lui file le train
depuis que Frédégonde et Brunehaut
se sont résolues à s'en faire voir
de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel -
ce qui ne rajeunit personne.

Et vous pouvez encore en rajouter,

au rythme de vos contrariétés.




Tout cela, c'est la faute de Mai 68 : dans son dernier numéro, Courrier International l'explique très bien sûrement, "que j'plane si j'vanne" alors - autant s'épargner de le lire. Et en arriver à la conclusion qu'il y a effectivement un c.o.y.o.t.t.e. au sein de son comité de surveillance.














Cette note - dédiée à l'u.s.u.r.p.a.t.e.u.r., en souvenir de ses fabuleuses chroniques de films qu'il n'avait jamais vus.












mardi 13 novembre 2007

Le Grand Dieu Pan








2004 était une chose - 1996 en était une a.u.t.r.e...





I - Une t.r.i.a.d.e. : Colossus, Piou-Piou, M.e.m.y.s.e.l.f.&.I... Piou-Piou qui, un soir où il p.i.c.o.r.a.i.t. la musique de Dieu sait qui, avait du affronter le style i.n.q.u.i.s.i.t.o.r.i.a.l. de Colossus - lequel l'ayant miré avec un t-shirt tout à fait i.r.e.l.a.n.d.a.i.s. [une histoire de superette] le verrouilla d'un "où qu'tas eu ça ???" du sur mesure : ça venait de moi avec pour r.é.s.u.l.t.a.t. : "à Dour qu'on se reverra".


II - Pareil à
Dudley Liam Smith lâché aux trousses de Turner Meeks - Colossus était venu fin prêt pour le son, plein de p.e.r.c.u.s.s.i.v.e.s. munitions : une bénédiction à l'époque de ne pas fumer - Piou-Piou, lui, n'avait pas pu se dérober Encore faut-il préciser que Colossus, ces question, c'est comme ça qu'il les posait : "tu fumes ? Mais si, tu fumes. Vas-y, fume", et autre "je vais pas boire tout seul : j'en ai ramené pour trois, juste le nombre qu'on est" et Colossus, fallait pas l'o.f.f.e.n.s.e.r... Jeanne Mas avait murmuré : entre autres, l'occasion de les voir pour la "toute première fois, tout-toute première fois..." Il avait d'ailleurs clairement fait savoir d'entrée de jeu p.o.u.r.q.u.o.i. ils étaient là. Même s'ils se sont faits volés le vedettariat par un q.u.a.t.u.o.r. signant i.n.v.a.r.i.a.b.l.e.m.e.n.t. ses albums de quatre lettres...


III - En effet, à revendiquer le théâtre des h.o.s.t.i.l.i.t.é.s. : Duane Denison, David Wm. Sims, Mac McNeilly. Et un certain David Yow, arrivé parfaitement d.é.c.é.d.é., à scander en guise d'invite & en français s.i.l.v.o.u.s.p.l.a.i.t., des propos dans ce genre-. Denison jouait en roulant des yeux à l'attention de Yow, déchaîné & incontrôlé, d'une manière qui indiquait que dans la f.u.r.i.e., Yow était en train de se s.u.b.l.i.m.e.r. Sims tenait sa partie, étonnamment impassible malgrè l'é.t.h.y.l.i.s.m.e. avancé de son voisin défiant t.o.u.t.e. concurrence libre et non faussée. McNeilly était bien trop occupé à d.é.t.r.u.i.r.e. ses fûts pour réaliser quoi que ce fut.


IV - En moins de temps qu'il n'en faut à Rachida Dati pour m.i.t.r.a.i.l.l.e.r. ses convictions bétâ-bloquantes & n.a.v.r.e.r., Yow se piqua de faire un bain de foule et, avisant un a.u.t.o.c.h.t.o.n.e. armé d'un drapeau belge, se mit en tête de lui donner la c.h.a.s.s.e. pour s'en emparer [lorsqu'il passa à proximité - ses yeux i.n.v.e.r.s.é.s. de près ? C'était quelque chose...]. Pour lui permettre de continuer à iodler & brâmer - le staff, après bien des interrogations, décida de suivre le m.o.u.v.e.m.e.n.t. en donner assez du mou au fil du micro - et Yow de continuer à s'ébattre. De retour sur scène [les yeux de Denison suivaient le sens giratoire de l'inquiétude & voulaient toujours prendre la tengeante], Yow eut l'idée originale de brandir son service trois-pièces et de l'exhiber à la masse au moment exactement exact où ses trois acolytes déclenchèrent un feu roulant de bruit blanc. Une foule qui roulait p.i.r.e. que la houle. Etre sains et saufs notamment en raison de deux mêtres massifs répondant au nom pseudonyme de Colossus dont la présence, dissuasive, dessinait un périmètre à ses abords où l'e.x.i.s.t.e.n.c.e. était viable. La bacchanale attint son apogée avec une histoire de Gladiateur imparablement i.m.p.a.r.a.b.l.e. Mais Yow ne pouvait pas s'a.r.r.ê.t.e.r... Piou-Piou ayant déclaré f.o.r.f.a.i.t. - rester avec Colossus car même t.a.b.a.s.s.é. de sonorités : mirer le dernier fix de William Burrough administré à même le Ministère... Al Jourgensen développait sa déclaration de politique générale. Yow ayant trouvé à s'i.m.p.r.o.v.i.s.e.r. porte-parole se tenait à ses côtés. Yow se tenait i.m.m.o.b.i.l.e. Yow posait dans son plus m.i.n.i.m.a.l.i.s.t.e. appareil. Yow était encore s.a.u.v.a.g.e. au point de squatter la tête d'affiche de la journée plusieurs heures après la fin de son set. Yow était à couper le souffle. Yow l'est peut-être e.n.c.o.r.e.


V - Les Thugs goûtent une retraite b.i.e.n. méritée. David Yow, Duane Denison, David Wm. Sims et Mac McNeilly ont d.i.v.o.r.c.é. [n'importe comment, leur testament est toujours travail d'orfèvre]. Colossus était c.h.e.m.i.n.o.t. Colossus l'est vraisemblablement e.n.c.o.r.e. Colossus doit être en grêve en ce moment et c'est de ça dont il s'agit. Colossus aurait bien r.a.i.s.o.n. Parce qu'il faut être q.u.e.l.q.u'u.n. pour désigner les cheminots à la vindicte populaire. Parce qu'il faut vraiment crever la faim - au point d'avaler n.a.w.a.k. - pour croire que les salariés de la SNCF et de la RATP sont des p.r.i.v.i.l.é.g.i.é.s. faut croire que c'est devenue une s.i.n.g.u.l.i.è.r.e. richesse - sûrement enseignée à l'école é.l.e.m.e.n.t.a.i.r.e. - de se vautrer dans le propre de la j.a.l.o.u.s.i.e. [l'indigence en l.o.g.i.q.u.e. et l'aridité en a.l.e.x.a.n.d.r.i.n.s.] Parce que plutôt que de s'a.g.g.l.o.m.é.r.e.r. à un parti existant, peut-être vaudrait-il mieux a.n.i.m.e.r. ni plus ni moins qu'une cellule de guerre psychologique afin de pratiquer la plus rigoriste p.a.c.i.f.i.c.a.t.i.o.n. à destination des zélateurs d'une société d.é.c.é.r.é.b.r.a.n.t.e. & d.é.c.é.r.é.b.r.é.e.


VI - Cette note à.d.é.t.r.u.i.r.e.a.v.a.n.t.l.e.c.t.u.r.e. est dédiée à Alice, Colossus - & tous ces enfants que l'on dit t.e.r.r.i.b.l.e.s. parce qu'ils continuent à r.ê.v.e.r. plutôt que de se r.é.s.i.g.n.e.r.















lundi 15 octobre 2007

Motor City Five : Kick Out The Fucking Jams






"Le CCNE a été saisi par un sénateur le 3 octobre 2007 dans le cadre d’une procédure d’urgence de projets d’amendement et de sous-amendement concernant un article du projet de loi "migration, intégration et asile" qui précise que le demandeur d’un visa pour un séjour de longue durée supérieur à 3 mois dans le cadre d’un regroupement familial peut solliciter son identification par les empreintes génétiques afin d’apporter un élément de preuve d’une filiation déclarée avec la mère du demandeur de visa. Le CCNE regrette que des questions aussi importantes concernant l’accueil des étrangers et le droit de la filiation fassent l’objet de procédures en urgence qui entraînent une constante évolution des textes. Le CCNE ne veut donc pas s’enfermer dans le jugement de tel ou tel article ou amendement d’une version d’un projet législatif. Il se réserve la possibilité d’une réflexion de fond sur des textes concernant l’accueil des étrangers qui soulèvent d’autres questions que celles du regroupement familial. Le CCNE prend acte que progressivement les amendements successifs prennent de plus en plus en compte la notion de famille telle que définie dans le droit français, notamment en reconnaissant la filiation sociale comme prioritaire. Malgré toutes les modifications de rédaction, le CCNE craint que l’esprit de ce texte ne mette en cause la représentation par la société d’un certain nombre de principes fondamentaux que le CCNE entend réaffirmer avec force, déjà rappelé dans son avis n° 90 : "avis sur l’accès aux origines, anonymat et secret de la filiation, 24 novembre 2005". L’erreur est de laisser penser qu’en retrouvant le gène, la filiation serait atteinte. La filiation passe par un récit, une parole, pas par la science. L’identité d’une personne et la nature de ses liens familiaux ne peuvent se réduire à leur dimension biologique. La protection et l’intérêt de l’enfant doivent être une priorité quand il s’agit de décisions concernant la famille. Le doute devrait jouer a priori au bénéfice de l’enfant. Cette inscription dans la loi d’une identification biologique réservée aux seuls étrangers, quelles qu’en soient les modalités, introduit de fait une dimension symbolique dans la représentation d’une hiérarchie entre diverses filiations, faisant primer en dernier lieu la filiation génétique vis-à-vis du père ou vis-à-vis de la mère comme étant un facteur prédominant, ce qui est en contradiction avec l’esprit de la loi française. De nombreuses familles françaises témoignent de la relativité de ce critère : familles recomposées après divorce, enfant adopté, enfant né d’accouchement dans le secret, sans parler de toutes les dissociations que peuvent créer les techniques actuelles d’assistance médicale à la procréation. Outre la question de la validité des marqueurs biologiques pour mettre en évidence des liens de filiation, d’un point de vue symbolique, le relief donné à ces critères tend à accréditer dans leur recours une présomption de fraude. Le CCNE est préoccupé par la charge anormale de preuves qui pèsent sur le demandeur. D’une manière générale le CCNE attire l’attention sur la dimension profondément symbolique dans la société de toute mesure qui demande à la vérité biologique d’être l’ultime arbitre dans des questions qui touchent à l’identité sociale et culturelle. Elle conduirait furtivement à généraliser de telles identifications génétiques, qui pourraient se révéler à terme attentatoires aux libertés individuelles. Elle risquerait d’inscrire dans l’univers culturel et social la banalisation de l’identification génétique avec ses risques afférents de discrimination. Le CCNE redoute les modalités concrètes d’application dans des réalités culturelles très différentes des nôtres. Nos concitoyens comprendraient peut-être mieux l’exacte réalité de tels enjeux s’ils étaient confrontés à des exigences analogues lors de leur propre demande de visa" :




"Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout et sur la douce France
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent

La leçon n'a pas suffit
Faut dire qu'à la mémoire on a choisi l'oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Etranger, tu es la cause de nos problèmes
Moi je croyais qu'c'était fini
Mais non, mais non, ce n'était qu'un répit

Voilà, voilà...

La leçon n'a pas suffit
Faut dire qu'à la mémoire on a choisi l'oubli
Dehors, dehors, les étrangers
C'est le remède des hommes civilisés
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l'on regarde ailleurs
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l'on regarde ailleurs

Voilà, voilà..."








Juste - attacher les b.â.t.a.r.d.s. à l'ampli :

















dimanche 16 septembre 2007

Crabe










"Jean-François Bizot nous a quittés à l’âge de 126 ans. Vivre jour et nuit pendant 63 ans, le compte y est. 126, c’est un bon âge pour mourir. La nuit, il adorait. Vivre la nuit, c’est d’emblée vivre en marge. Quand la ville dort, quand tout semble permis, tout est possible, le cosmos grand ouvert. Avaler d’énormes sandwiches au saucisson, descendre la vodka, se blanchir le nez, inhaler à donf, criser de rire avec ses potes collaborateurs, prendre la tête à l’infini, réveiller des gens au téléphone et pisser vingt-cinq feuillets à la chaîne. Baiser aussi ? Non, l’amour attendait l’aube, au sortir du bouclage. On ne peut pas tout faire en même temps, même lui. Encore que… Avec un peu d’organisation, des adoratrices en espoir, entre deux maquettes d’articles à changer, de 2 heures à 3 heures du matin, bien des choses sont possibles. La nuit. On recevait un coup de fil : «Quoi ? ! Tu dors ? Mais il est minuit…» Puis, vers une plombe et demie du mat : «Bon, on descend manger un morceau et on gratte vite fait la série des douze portraits, comme ça ce sera fait, tu vois ce que je veux dire ?» S’il y avait un truc que Bizot détestait, c’était faire comme tout le monde. Bizot, le Citizen Kane de la presse underground. Plusieurs de ses amis sont devenus grâce à lui des fans absolus de Citizen Kane, le film. On peut le visionner sans arrêt et y revoir Jean-François si beau dans son miroir. Né riche comme Kane, éducation sévère, acquéreur d’un château à remplir comme une caverne d’Ali-Baba, un Xanadu à Saint-Maur-des-Fossés, une «folie» du temps de Louis XV et d’un duc de Noailles qui l’avait fait construire en marge, déjà, de la Cour. Kane-Bizot qui engloutit son fric dans un journal, campe son pieu dans son bureau et revient la nuit zombifier un copain journaliste qui sèche sur sa copie. Nous partagions des maîtresses. Une convivialité sans vulgarité, cadeau de cette époque bénie de la révolution sexuelle, de l’underground et plus tard du rush des années 80. A elles, il lâchait des confidences que par pudeur il refusait à ses potes. Par elles, nous en savions parfois plus sur lui qu’il n’en voulait nous dire : «L’autre soir tu sais ce qu’il m’a sorti : J’ai l’impression de me balader avec un flambeau à bout de bras et d’éclairer les autres pour qu’ils suivent, pourquoi c’est comme ça je sais pas mais c’est comme ça. » Ainsi, Bizot avait une mission et il savait assumer. La mission ? Etre un révélateur. Curieux de tout, aller fouiller, raconter (c’était un conteur d’élite et il nous a appris à amorcer nos papiers en les racontant d’abord oralement aux potes), transmettre, faire faire, faire exister. Révéler des infos bien sûr, puisqu’on est journaliste, révéler des talents et aussi, surtout peut-être, révéler des gens à eux-mêmes. La légende fondatrice d’ Actuel, telle que ses amis se la répètent, dit ceci : un jour de 1965, un 19 août précisément, anniversaire de naissance, son père Ennemond le convoqua en l’hôtel de famille rue Barbet de Jouy et lui tint ce discours : «Jean-François, vous avez 21 ans aujourd’hui. Vous êtes majeur. Rendez vous chez notre notaire (une somptueuse étude sise quai d’Orsay, ndlr) et voyez avec lui.» Le jeune Jean-François entra chez maître X… élève de l’école de Chimie de Nancy, il en ressortit héritier. Ses grands-parents lui avaient réservé du bien. L’énormité de la somme, huit cents millions de centimes de l’époque, lui vrilla la tête. Toute la journée, il erra dans Paris : que faire de tout ce fric ? Il se résolut à en gratifier le Parti communiste. Arrivé place Kossuth, alors siège du PCF, il se ravisa : il y avait peut-être meilleur usage. De chimiste, puis économiste, il se fit journaliste à l’Express, celui de Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber. Il traversa Mai 68 en curieux plus qu’en militant, bien qu’ensuite, il aimât laisser dire qu’il avait ferraillé au côté des maos. Un an plus tard, il rachetait (pas cher) un magazine ultra-confidentiel de free-jazz et jeune théâtre avant-gardiste qui s’appelait Actuel. L’idée découlait d’un voyage aux États-Unis et d’une discussion avec Servan-Schreiber. Aux Etats-Unis, plusieurs mois de suite, il avait vu ces fameux hippies, des concerts, des filles à nattes tressées, des joints tout gonflés de marijuana, des communautés réalisant d’impensables utopies, et entendu un mot magique : «Underground». De retour à l’Express, JJSS avait laissé tomber : «Passionnant tout ça, Jean François. Faites-nous en donc un article.» Mais Bizot avait pensé : c’est pas un article qu’il faut faire, c’est un journal. Son Rosebud caché en avait fait un être indéchiffrable, profondément contradictoire. Un orgueil énorme fourré d’une humilité confinant à l’auto-destruction. Dans le premier Actuel, underground, il signait ses papiers de pseudonymes multiples pour ne pas se mettre en avant : Julien Vladimir (le prénom de son fils - celui de Lénine) ; John Vetebey (VTB pour Va Te Branler, eh oui !). En co-écriture avec Kouchner et Michel-Antoine Burnier, il se muait en Bernard de Burnebise. Les articles sur la peinture et l’art contemporain sortaient de la plume de Jean-François Pinsot. Etc. Autre exemple d’orgueil dérisoire : quand il partit à Ceylan en 1973 tourner le film La Route avec la moitié de sa rédaction improvisée en acteurs, il osa écrire, dans Actuel : «Je recherche la spontanéité avec juste un regard. Godard en moins prophétique. Jean Rouch en moins bavard et en moins ethnographique, Easy Rider en plus dense, Hallelujah les collines en moins décousu…» Rien que ça. Mais c’était au deuxième degré et demi, et d’abord un hommage à ses maîtres. Actuel première formule, 1970-1975, explora la veine du Rock-Sexe-Communautés-Routards jusqu’à épuisement et termina en parodies grinçantes. Suivirent quatre années de relâche journalistique, que Jean-François utilisa, entre autres fièvres, à écrire son roman Les déclassés (autobiographie à peine maquillée qui manqua le Goncourt 1976 d’une voix), puis à installer l’essentiel de sa rédaction dans son château de Saint-Maur. Bizot-le-généreux : une bonne centaine de personnes ont été logées là, à l’œil, certains un mois ou deux, d’autres vingt ans durant. Grande gueule, mais gros cœur. La seule contrepartie était de participer aux élucubrations du châtelain, grand spécialiste du mélange plaisir/travail (ou vacances/reportages), rêve fabuleux pour de jeunes journalistes - qu’importait alors si nous n’étions pas payés ou si peu ? Le grand blond avait eu le nez creux pour s’entourer de jeunots, tous plus petits que lui, et qui se fichaient pas mal du fric. Après deux almanachs indescriptibles, l’aventure journalistique repartit, un cran plus haut dans la force de frappe et un zéro de plus au tirage. Actuel seconde formule (1979-1994) surgit d’une envie de voyages et de métissages spatio-temporels, mais aussi et peut-être d’abord, d’un ras-le-bol des news-magazines impersonnels et sociologiques, genre L’Express. A la fin des seventies, le Bizot admirateur de Joseph Kessel, d’Albert Londres et de Tom Wolfe sut allumer dans sa bande le désir de jeter à bas toute idéologie et de partir en reportage subjectif sur les frontières du monde, à la recherche de «monsieur Réel». Partir sans a priori, n’importe où, pourvu qu’il y ait une expérience à traverser, une histoire à rapporter, de l’inspiration à livrer au lecteur, en pas moins de trente feuillets, à la première personne du singulier. Et puis secouer le cocotier ! «Bouger ! Se remuer le cul ! Vite !» Ses mots-clés. Réveiller la vieille France endormie. Oser applaudir toutes les modernités, même tabou dans son milieu d’origine, même friquées, même scandaleusement parvenues, à partir du moment où elles révélaient de la créativité, de l’impertinence, du génie. L’ex-futur ingénieur réveilla aussi son ancienne passion des sciences et des technologies… Mais surtout pour la transmettre aux plus jeunes de l’équipe : lui-même ne fit quasiment pas de reportages «savants» ou «technos», leur préférant les enquêtes politiques hors norme (la candidature de Coluche l’enthousiasma), les irruptions de mœurs nouvelles, la découverte de créateurs de musiques inédites, les architectes cinglés, les designers hallucinés… Bizot des contraires, à la fois machiavéliquement organisé et tout à fait bordélique. Son sens de la stratégie, son admiration pour le machiavélisme, justement, de Mitterrand (qui, arrivé au pouvoir, le jeta, parce qu’il refusait l’étiquette courtisane). Il savait que Mitterrand avait digéré la phrase du cardinal de Bernis : «En politique comme en amour, on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens.» Lui-même en usait. Et en abusait. Sa technique pour monter un reportage : tous à la fabuleuse documentation de l’Express ! (hélas disparue), à photocopier sans fin de vieilles coupures, pour tout savoir sur un sujet, un pays, un personnage - et si possible dénicher la perle, l’angle d’attaque, le scénar, parfois dans une simple note de bas de page (il épluchait la presse, surtout américaine, jusqu’au fond des entrefilets). Sur place, pendant le reportage, se fondre dans l’histoire, le décor, les protagonistes, jusqu’à ce que se dégage une vision - un reportage sans vision, sans implication existentielle, était un reportage raté. Puis rédiger l’article, art appris de Françoise Giroud : première phrase au plancher, premier paragraphe consacré à l’anecdote, suivi du «paragraphe de transition» qui ramasse l’enjeu du papier, après tu déroules ton histoire, alternant paragraphes vécus et paragraphes de synthèse, et tu chutes cut. Sa conscience professionnelle : cinquante témoignages en Asie centrale pour deux feuillets de texte. Voilà pour la méthode. Rigueur - hélas ou heureusement - aussitôt démantibulée par un art inouï de la pagaille. Le spectacle de son bureau, effrayant, les tas de papier, des bouquins luxueux déchirés pour en extraire une illustration immédiatement égarée. Sa manie de vouloir entasser trente feuillets dans une seule double page. La lutte désespérée du rédacteur en chef (Michel-Antoine Burnier, ou Frédéric Joignot) pour ramener raison. Sa créativité, buissonnant tous azimuts, que seul un jardinier expérimenté pouvait tailler, à grands coups de cisaille - de ce point de vue, le tandem qu’il forma trente ans durant avec Burnier, qu’il appelait pour cela «Roger Frigo», fonctionna à merveille. Rien ne vint tarir ce jaillissement, pas même les cinq années de maladie mortelle : il n’était pas relevé du KO debout où le mettait une nouvelle chimio qu’il grattait déjà, parfois encore dans son lit d’hôpital, un roman, des poèmes, les commentaires de son anthologie du mouvement Underground, ou la liste d’une nouvelle compil pour Nova Production. Son impatience, ses rages, sa manière de bouffer du saucisson de Lyon et des rillettes abandonnés sur la photocopieuse ou dans les chiottes. Une réplique d’Audiard peint Bizot : «J’aime les fêlés, parce qu’au travers tu vois la lumière.» Son indignation pas feinte contre l’injustice, son amour réel des rebelles, perso ou en tribu - par Wao le Laid ! révéler une nouvelle tribu d’insurgés ! -, ses connexions perso en banlieue profonde, ses engagements concrets, payés en nuits d’écriture et en dizaines de plombes de palabres, en faveur des radios libres quand elles s’appelaient encore «pirates», pour soutenir la marche des Beurs, les premiers rappeurs ou les étudiants de Tien An Men, allant jusqu’à affréter un cargo/émetteur FM et l’expédier au large de la Chine… et s’y casser le nez. Son «machiavélisme» s’avérait alors bien tendre, et innocente sa foi dans l’influence de la culture sur l’engeance humaine. Doubles polarités : peur de rien et hanté de terreurs. Des reportages dangereux au fond de continents instables, le Zaïre, Haïti, Bornéo en saison des pluies, Soweto la nuit. L’attirance des zones glauques : ah, les récits oraux des dance floors de Treichville à Abidjan, les filles blacks et les marlous ! Même pas peur d’organiser à bout de bras des concerts déjantés : nuit du «kosmische rock» allemand dans la cathédrale de Reims bookée pour l’occasion, en décembre 1974, et l’effarement du clergé le lendemain matin : un humus de trois centimètres de mégots de joints tapissait les dalles qui avaient vu les sacres des rois de France. Le concert de locomotives Gare de Lyon en 1987, juste pour réaliser le rêve de Marinetti et des futuristes italiens de 1911 - que ce rêve fût inabouti avait tracassé notre ami durant de longues années. Essayer tous les psychotropes, du pire (amphés périmées raflées par kilos chez des apothicaires d’Haïti, sirops turcs, mouches cantharides mordorées du sud marocain, etc. etc.) au meilleur (le champignon balinais, dégusté dans du jus de mangue, sur une plage de Bali bien sûr, au coucher du soleil). Avec Bizot, tout «faisait doc» et le trip balinais éclaboussa dans Actuel une double page psychédélique de poèmes en prose. Il faudrait raconter aussi le voyageur systématiquement en retard, refermant à grand-peine, à l’hôtel, une demi-heure avant le décollage de l’avion, ses énormes valises bourrées de CD, de journaux, de bouquins, de cochonneries qu’il avait le don de dénicher, cadeaux ultra-ringards pour ses copains - et aussi, de temps en temps, une pièce d’art pas naze du tout. Evoquer sa tendresse d’éternel et insupportable ado bourru vis-à-vis des gosses de la tribu, notamment des siens, qu’il aimait faire hurler de rire et de peur, en se déguisant en ogre qui les poursuivait dans le jardin, ou en roulant à toute berzingue au bord des précipices du Haut Atlas. Deviner, derrière ses borborygmes, son intérêt pour certains mystiques très très allumés (personnages du film La Route, Rajnesh de Poona, Alan Watts, Bernadette de Goa, Alejandro Jodorowsky ou le président des chamans de Tuva) mais jamais au-delà d’une certaine limite - les gourous donnaient des boutons à ce fils de grands cathos devenu irrémédiablement mécréant. Peur de rien - c’est peu de le dire, et d’un courage physique stupéfiant face aux affres du cancer et de la chimio - mais… Mais terrifié à l’idée de devenir un grand bourgeois comme il faut. Peur du «bon goût». Peur de ressembler à ses ancêtres, venus d’Italie à l’orée du XVIe siècle (il existe des Bizot à Padoue). Et peur de ne pas être digne de ses ancêtres. De ne rien faire. Peur de mourir, terriblement peur… Encore qu’à cet égard, cinq années de lutte exemplaire contre Jack, ainsi qu’il nomma le rongeur dans un moment de faiblesse, avaient à l’évidence opéré en lui des métamorphoses essentielles. Il n’eut pas le temps de nous les raconter. L’aurait-il fait ? C’était un garçon si pudique. Aux nanas, peut-être. Vendredi 21 septembre, soirée Nuits Zébrées de Radio Nova, le 11 octobres sort le dernier opus bizotien, une anthologie de la New Wave des années 80. La vie continue. La vie sans Bizot commence."


Léon Mercadet et Patrice Van Eersel














lundi 20 août 2007

Sinead O Connor






"...For all those who walk in the street
Singing, their heads in the clouds
Let me write this tune for you
For all you lovers in this world
For whom the sun shines every day
Keep the spirit of your happiness..."










jeudi 19 juillet 2007

Fernando Pereira [10 mai 1950-10 juillet 1985]







"Après l'attentat, lors de la cérémonie funéraire organisée à Auckland en mémoire de Fernando, l'ambiance était assez légère et détendue, et nous essayions les uns et les autres de trouver une anecdote amusante à son sujet. Mais je n'oublie pas le poids qui s'est abattu sur mes épaules lorsque nous avons dû nous saisir du cercueil et l'emmener hors de l'église. C'est quelque-chose que je n'oublierai jamais. Quelque-chose, je crois, que nous ne devrons jamais oublier."


Pierre Willcox












"...We are R.a.i.n.b.o.w.W.a.r.r.i.o.r.s.
Evil come not near
Rainbow awaits us
With hearts of love and tearz..."